jeudi 10 juin 2021

Rétro mud

Des semaines que je n'ai pas pris part à la vie nocturne de ma ville. Ce ne sont pas les occasions qui manquent; seulement l'envie. 
La lassitude m'a prise: les soirées sont bonnes mais les matins tellement difficiles ensuite. Les gens sympas et les conversations cool mais sans grand intérêt au fond. J'aime les gens mais je suis lasse pour le moment.
Alors les teints cireux, les yeux vagues à l'alcool, les barbus stylés, les bidons sous les chemises et les pompes à 500 balles, me donneraient presque la nausée. Tous ces hommes en fin de quarantaine n'attirent pas décidément: la barbe soignée ne cache plus le menton qui se fait gras, les poches sous les yeux, le bide qui tend la chemise et leurs phantasmes de youporneur: on sent tellement la branlette récurrente derrière l'écran que ça fout les jetons presque. 
Ces hommes encore célibataires qui n'arrivent jamais vraiment à se caser attachent une si grande importance à leur apparence que c'est presque le signal fatal de leur vide intérieur. Ils sont beaux parleurs en général, attirent au début et surtout attirent les filles paumées ou faibles, celles qui ont besoin d'amour un peu trop. 
Le décor s'effondre bien vite: la réalité n'est que misère affective, mensonge, colère et radinerie. Il n'y a rien derrière les pulls cachemire et les boutons de manchette. Juste une petite décharge de fin de soirée, même moins bonne que l'habituelle virtuelle et le dégout des poils au fond du lit.
Le nauséabond reste heureusement le plus souvent repérable de loin; mieux vaut détourner le regard et éviter de regarder dans ce rétroviseur là, ça peut donner envie de vomir.

dimanche 24 juin 2018

Le futur

Il a une petite voix de castor, un tout petit nez, les grands yeux bleus de mon père, et bougeotte toute la journée en émettant de petits cris. Je me perds toute la journée dans la contemplation de ce petit être si parfait, sans me lasser. Je me lève la nuit pour me faire torturer les seins sans rechigner, quel pouvoir il a sur moi!
Yeux dans les yeux à chaque tétée, chaque détail de son visage je trouve parfait, chaque son émis me rend davantage dingue de lui.
La vie change complètement avec cet heureux évènement: on se demande ce qu'on faisait avant. En vrai, la modification est profonde. Elle est bienvenue car à point. Tourner autour de ses biens, de sa position sociale ou de sa dernière paire de pompes n'a jamais été vraiment satisfaisant. ça l'est encore moins maintenant. Les gens me trouvent resplendissante alors que je n'ai jamais été aussi fatiguée. Le miracle de la vie. 
Comme la majorité, je suis passée de ce côte de la barrière. Comme tout le monde, je partirai en vacances selon le calendrier scolaire, je courrai chez le pédiatre, ferai des petits pots maison bio et des gâteaux. ça peut sembler rasoir mais, c'est la vie sans tout ça qui est devenue rasoir. Mes amis célibataires me semblent dérisoires mêmes si je les adore: leur vie si remplie me semble bien vide en réalité. Je projette sans doute, mais l'amour immense qu'on ressent pour un enfant est une expérience sans commune mesure, elle déclenche un ràz drastique. 
Faire le tri, ranger, jeter, fait un bien fou. Alors un ràz comme celui là, c'est carrément jouissif.  

dimanche 7 mai 2017

L'avenir

Je le regarde débouler sur son vélo vintage. Un grand blond élancé et viril, désinvolture avec de grands bras costauds et fins en même temps, son tee-shirt coton à large encolure, le jean flou près du corps qui lui va si bien. A toute bringue et en maitrise il se glisse entre les voitures. 
Il arrive, le vent dans les cheveux, un large sourire fend la mâchoire carrée, les belles dents. Virilité et subtilité. Un style fou, tout en mouvement. Les filles le regardent. 
Cette image j’aime à la remâcher. Il me plait de le voir arriver comme ça. Sa vitesse, sa jeunesse, son agilité. J’aime le regarder tout le temps.
J’embrasse sa joue piquante, ses lèvres sexy, il sent le vent. Cet homme ne met jamais de parfum mais il embaume l’air frais. 
Je n’écoute plus les langues de vipères qui parlent de l’âge la bave aux lèvres, qui parlent de l’impasse qui va se dessiner forcément. Elles tournent encore sur elles-mêmes, les viscères sans doute dévorées par leur propre bile.
Finalement, leurs tourments me tirent un sourire. Je suis bien merci, je n’ai jamais été aussi heureuse depuis plus de 15 ans. De loin, je regarde les fatigués, les aigris, les tristes tourmentés, tous les gens médiocres qui se croient supérieurs de ces dernières années et rien chez eux ne peut me faire moins envie. J’ai une large poitrine, une peau douce et une tendre vigueur qui m’attendent. Dormir nus, se serrer et sourire dès le matin, quel meilleur baume au coeur. 

Mon seul regret est que mon père soit parti trop vite: j’imagine qu’il aurait aimé la brillance de son esprit, apprécié son doigté à la guitare, son amour pour moi et le bel effet que cela produit dans nos vies. 

lundi 20 février 2017

Pop life

Plus je vieillis, plus je sèche. A 28 ans, j'étais plus plantureuse. Enfin toutes proportions gardées évidemment. A 32 ans, j'ai séché en un mois. J'ai rarement depuis excédé les 50 kgs.
Les hommes qui m'ont réellement séduite étaient toujours grands et costauds. Toujours façonnés par le sport et dotés d'une hérédité vigoureuse. Sans doute cherchais-je la reconduction d'un patrimoine génétique robuste. J'avais envie d'un beau bébé rond, doux et glouton.
Toute gourmandise mise à part, avec les années, je savoure ma liberté et j'élimine le gras, le déchet toxique. 
Loin de moi les insatisfaits, les hystéros colériques bloqués dans cette condition de frustrés invivables, les hommes mesquins, les faux winners et autres vrais minables agitant la grosse carte bleue. Toutes ces mochetés me gonflent.
Je n'ai pas besoin d'un décor particulier pour savourer ma quarantaine apaisée. En pleine campagne, pleine ville, dans le cafuciu, au milieu des cris de gabians, je jouis de la fraicheur du soir en sirotant ma citronnade glaçons maison. Des fois, quand une vacuité fainéante m'amène sur d'anciens territoires, je regarde les agitations des autres comme on regarde par la fenêtre du train. Tout ce vide mal rempli, ces ressassements nauséabonds, ces expériences miteuses intéressent peu en vrai; chaque fois je mesure le chemin parcouru. Longuement je savoure mes beaux instants présents.
Qu'on essaie de me gâcher mon plaisir, et son temps on perdra.

mardi 13 décembre 2016

Red wine

La science et ses adeptes sont follement attirants à mon sens. Avoir eu la chance de connaitre ce monde en tant que pièce rapportée. Être amoureuse d'un matheux ou d'un physicien, mécanicien des fluides... Autant de concepts que je ne comprends pas mais qui me fascinent quand ils me sont expliqués sur l'oreiller. 
Mon père savait compter, savait être habile dans les négociations commerciales mais restait avant tout un artiste. Musicien, photographe, artiste peintre et passionné. 
Les hommes qui comptent aujourd'hui pour moi sont tous scientifiques avec une belle pointe de poésie, de fantaisie, d'humour. 
Des amis, de la famille, des collègues.
Un seul est dans mon lit, souvent dans mon ventre. Il a un appétit viril, une intelligence sereine et douce, une émotion palpitante, une chaleur blonde. Son corps me donne du plaisir.
Je suis en pleine idéalisation.

lundi 12 décembre 2016

Aimer sans raison

Tu te balances d'un pied sur l'autre, tout sourire. Les larges fossettes et le sourire qui découvre tes dents sont comme un rendez-vous. Premières secondes de la première fois où je te vois. Ton entrée a été remarquée ici.
De ce moment, une aventure belle et pure, jeune et mûre déjà se profile, prometteuse.
Malgré l'épaisse fumée qui, depuis quelques mois, se dissipait cependant, tu arrivais de ta planète sereine. Mes défenses pourtant tantôt renforcées se sont rapidement abaissées.
Ton amour donné, des fleurs dans mes cheveux.
Ce ne sont plus de jolies phrases sans fond, de beaux sentiments écrits sans jamais être ressentis et vécus au quotidien.
Le monde du phantasme peut aussi se vivre. C'est confidentiel et indescriptible. C'est fait jour après jour, de petits bonjours et de respect, de petits plaisirs, de sensualité très intime. Nos deux vies se sont intégrées naturellement et avidement, colorées et parsemées d'illuminations douces.
Le bonheur est mystérieux. Il imprègne chaque petits instants du quotidien d'une brise tiède et confortable.
Plus aucune contrainte n'entrave le coeur ou le ventre.
Ces moments, plus personne ne peut les faire disparaître. Ils ont effacé l'ardoise.

lundi 28 novembre 2016

Corniche Kennedy

Regarder filer les étoiles et attendre un signe.
Avoir été compréhensive avec des hommes qui ne le méritaient pas.
Éviter l'erreur de tous les considérer à la lumière du connard d'avant.